Théorie de la chute des Corps, 2013-2015. Impression jet d'encre sur papier archive, 102 cm x 81 cm. Édition de 5.

Théorie de la chute des Corps est un essai photographique sur les Jésuites du Canada français. Prêtres, missionnaires et gens d’Église qui assistent et président dans la périphérie de notre société contemporaine à leur avenir, changeant tout en perpétuant ces gestes et rituels formant pour eux-mêmes sens et résistance. 

Théorie de la chute des Corps est un projet sur le temps, celui qui passe et qui agit sur les collectivités, sur les corps, les objets et les lieux. C’est une intuition envers quelque chose qui fut partie intégrante de notre parcours national, de nos identités occidentales, à la fois distante, étrangère, mais aussi familière et intime. C’est une volonté d’en observer les incarnations, d’en cerner les contours et de les inscrire dans la mémoire photographique.

Cette mémoire, c’est celle de collectivités complexes, d’hommes anciennement puissants qui furent les protagonistes centraux de l’utopie européenne en Amérique. Après 50 ans d’une révolution tranquille maintenant consommée, leur lente disparition et celle de toute une génération ayant forgée les assises du projet social québécois nous amènent à nous questionner sur leur héritage.

En présence de ces autels, reliquaires et lieux de prière, nous explorons un univers singulier et extérieur à notre quotidien laïc. Une réalité se déployant dans l’écrin pudique de communautés vieillissantes qui assistent à la lente disparition du paradigme judéo-chrétien qui fut autrefois la pierre d’assise de la société civile québécoise.

Dans l’intimité quotidienne de leurs oeuvres pastorales, ce paradigme révolu se double d’une vulnérabilité sereine. C’est cette vulnérabilité et ce qu’elle sous-entend que nous retrouvons au coeur de cet essai: le vieillissement, l’étiolement, la mort, le deuil, de même que la solidarité et le désir de mémoire avec laquelle elle se déploie et se manifeste.