Nordet - Passages, 2013. Impressions au jet d'encre. Dimensions variables.

Anvers — Montréal.

5500 kilomètres d’océan et de fleuve. Un vraquier de deux cent vingt mètres avec à son bord vingt et un membres d’équipages. Une route maritime historique, pont commercial entre l’Ancien et le Nouveau Monde depuis les colonies, et qui constitue maintenant la pierre d’assise du commerce mondial et du transport de marchandises qui le sous-tend.

Signe du temps et de l’économie mondialisée, les marins ne sont plus européens, mais indiens et sri lankais. Les origines sont autres, mais le métier et les gestes eux restent les mêmes et se perpétuent. Des gestes simples et routiniers, ceux de la marine marchande, qui forment un peu malgré eux une continuité de sens et de lieux d’avec ce métier et cette transhumance transatlantique si fortement ancrée dans nos imaginaires collectifs.

Ces vies difficiles et éreintantes se déploient dans un univers restreint fait de chair et d’acier. D’un port à un autre, traversant l’immensité, elles participent à une odyssée banale où l’acte de foi face à la nature incertaine se réitère à chaque départ au sein d’une fratrie de fortune liée par la promesse d’une vie meilleure, à la croisée de l’aliénation et de la liberté.

Nordet-Passages porte un regard simple sur cet univers. Regard sur un quotidien et sur le huis clos dans lequel il prend forme. Les marins, leur frugale intimité, les lieux qu’ils occupent, ceux qui les entourent, la machine, le ciel, l’immensité toute puissante de l’océan atlantique. Sa force, ses corps, sa vie.